Textile vélo

Arkéa-B&B Hotels : vingt ans de maillots bretons dans le peloton

Publié le 17/10/2025

De Jean Floc’h en 2005 à Arkéa-B&B Hôtels en 2025, les maillots d’une équipe bretonne racontent leur histoire dans le peloton.

L’annonce de la disparition d’Arkéa-B&B Hotels met fin à un chapitre de deux décennies dans le cyclisme professionnel. Mais derrière la trajectoire sportive, c’est une autre histoire qui s’interrompt : celle d’un maillot devenu symbole.

Les maillots légendaires d’Arkéa : 20 ans d’identité bretonne dans le peloton

Depuis 2005 et sa première licence professionnelle, l’équipe a su faire de son textile un étendard. Rouge, noir, vert ou turquoise : chaque nuance a raconté un moment, un virage, une ambition. Et surtout, chaque design portait, de près ou de loin, la Bretagne dans ses fibres.

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Une identité cousue dès les premières années

Dès ses débuts professionnels, l’équipe issue de la structure Jean Floc’h affiche une volonté claire : ancrer visuellement sa dimension bretonne. Les premiers maillots rouges et blancs, sobres, sont marqués par un nom en lettres épaisses. La collaboration avec Armor Lux renforce cette identité, en apportant une touche textile plus raffinée. Les symboles régionaux comme le drapeau breton (Gwenn ha Du) commencent à apparaître discrètement, notamment sur les manches.

À cette époque, la conception du maillot reste artisanale, encore éloignée des standards marketing. Mais dans les courses régionales, la tunique est immédiatement identifiable, symbole d’un attachement fort à un territoire.

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Le maillot comme manifeste visuel

L’évolution graphique prend un tournant décisif à partir de 2011. Sous les couleurs de Bretagne-Séché Environnement, le maillot s’habille des codes du Gwenn ha Du : noir et blanc, bandes diagonales, motifs géométriques. Ce choix visuel fort devient une marque de fabrique, jusqu’à la première participation au Tour de France en 2014. Dans un peloton saturé de sponsors internationaux, ce maillot régionaliste tranche.

La reconnaissance est immédiate. Pour beaucoup, c’est à ce moment que l’équipe entre dans une nouvelle dimension — pas seulement sportive, mais symbolique. Ce maillot devient un drapeau. Et pour les Bretons, une source de fierté.

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Un virage vers la professionnalisation

L’entrée de Fortuneo en 2016 impose un changement de ton. Le vert remplace le noir et blanc. Les éléments bretons s’effacent. Le design devient plus neutre, plus corporate. Ce repositionnement, bien que critiqué par certains observateurs, accompagne une transformation profonde : celle de la montée en gamme de la structure.

Les textiles évoluent : matières plus respirantes, coupes ajustées, découpes thermocollées. Les équipementiers (Nalini, Ekoï) apportent un savoir-faire spécifique, en lien avec les besoins des coureurs.

Ce changement visuel marque une étape nécessaire. Moins porté sur l’image régionale, le maillot symbolise désormais la volonté de jouer dans la cour des grands.

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Le rouge Arkéa, couleur d’ascension

Avec l’arrivée d’Arkéa en 2019, le rouge prend le pouvoir. Un rouge intense, immédiatement repérable dans le peloton. Accompagné d’une bande noire, ce design impose une identité forte. C’est le maillot de la maturité, celui qui accompagne l’équipe jusqu’au World Tour en 2023.

Techniquement, les tenues franchissent un cap. Micro-perforations, bandes de compression, inserts thermiques… le standard devient celui du très haut niveau. Ce maillot rouge, porté par des coureurs comme Nairo Quintana ou Warren Barguil, devient un marqueur visuel fort, associé à une dynamique offensive.

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Un dernier maillot entre fusion et disparition

En 2024, la fusion Arkéa-B&B Hotels donne naissance à un maillot hybride. Rouge et turquoise se rencontrent dans un dégradé inattendu, presque rétro-futuriste. Ce dernier design, plus complexe, marque une volonté de renouvellement. Conçu avec des matières recyclées, il s’inscrit dans une démarche plus responsable.

Sur le Tour de France 2025, le maillot brille une dernière fois avec Kevin Vauquelin, 7e du général et maillot blanc du meilleur jeune. Quelques mois plus tard, l’équipe s’éteint. Ce maillot devient collector. Dernier témoin d’un projet ambitieux stoppé net.

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Héritage visuel et fidélité à une terre

Au fil des changements de sponsors et d’ambitions, une constante demeure : la Bretagne. Même dans les versions les plus modernes, on retrouve des détails – liserés, triskells, motifs marins – qui rappellent l’ancrage territorial. Ce fil rouge a traversé les générations.

Ces maillots ne sont pas restés de simples tenues de course. Ils sont devenus des objets de mémoire, accrochés dans des garages bretons, conservés comme des fragments d’histoire. Leur valeur dépasse celle du tissu : ils incarnent un projet collectif, une identité et un attachement profond à une région.

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